Liste de familles subsistantes d'ancienne bourgeoisie française

Les familles subsistantes d'ancienne bourgeoisie française sont, au sein de la bourgeoisie actuelle, celles dont l'ascension a commencé antérieurement à 1789.

Ces familles notables de l'Ancien Régime comprennent ce que certains historiens ont appelé la bourgeoisie d'office[1], qui s'éleva à partir du XVIe siècle en occupant des charges et autres offices royaux ou municipaux dans la magistrature, l'administration, les impôts ou les finances[2]. On en trouve aussi qui furent actives au XVIIIe siècle dans l'armement maritime, les plantations coloniales, le négoce, la banque ou les premières industries[1] (voir liste détaillée des charges et fonctions éligibles en fin d'article). Certaines prirent une part active dans la Révolution française, qui consacra leur nouvelle position dominante[1].

Armes d'Adrien de Bray, marchand bourgeois d'Amiens, dans l'Armorial général de France.
Nicolas Boileau, appartenant à une vieille famille bourgeoise de Paris.

Études

Henriette Sélincart (1644-1680), fille d'un marchand drapier de Paris.

Dans un Recueil généalogique de la bourgeoisie ancienne[3] publié en 1954, André Delavenne a constitué une liste de familles de la bourgeoisie de son époque, qu'il jugeait suffisamment anciennes pour figurer dans son ouvrage. Contrairement à ce que peut laisser supposer le titre, il ne s'agit pas d'un inventaire à prétention exhaustive, mais d'un choix de quelques dizaines d'exemples, avec certaines familles dont l'ascension sociale ne remonte qu'au XIXe siècle.

En étudiant ces familles dans La Bourgeoisie selon le dictionnaire généalogique d'André Delavenne, Jacques Houdailles a remarqué qu'elles occupaient souvent avant la Révolution des professions et des positions similaires[4] : « À la période ancienne, les maires et échevins sont nombreux ainsi que les officiers du roi. Les gens de loi (avocats, juges, huissier) maintiennent leur importance au cours des deux siècles et plus. Les industriels apparaissent au début du XIXe siècle et prennent de l'importance dans la seconde moitié. »

Dans son essai L'Ancienne bourgeoisie en France : Émergence et permanence d'un groupe social du XVIe siècle au XXe siècle, publié en 2013, Xavier Pérouse de Montclos fait l'hypothèse qu'un grand nombre des familles bourgeoises du XXe siècle ont une position établie depuis fort longtemps — et souvent maintenue depuis le XVIe siècle[5]. Cet auteur ne propose cependant pas de liste des familles notables anciennes. Dans la préface, l'historien René Rémond définit ainsi cette ancienne bourgeoisie :

« Un groupe intermédiaire entre la noblesse d'origine et ce qu'on appellerait les classes moyennes, qui est constitué au XVe siècle ou au XVIe siècle. (...) Ces familles sont presque toutes des dynasties provinciales dont l'ascension s'est tout entière accomplie dans leur région d'origine à laquelle elles sont généralement restées fidèles : aujourd'hui encore leurs descendants y sont présents. (...) Ces familles plongent leurs racines dans l'Ancien Régime. (...) Elles ont su assurer sur quatre ou cinq cents ans la transmission de leur héritage matériel comme de leur patrimoine de conviction et de valeur.(...) Ces familles sont toujours restées fidèles à la religion et se sont adaptées à la modernisation sans renier leurs valeurs. »

Selon Xavier de Montclos, ces familles appartenaient sous l'Ancien Régime à la notabilité des villes et des campagnes[5]. Elles acquirent à partir du XVIIe siècle des offices et des charges de judicature ou de finances puis des seigneuries, et certaines parvinrent à la noblesse, soit avant, soit après la Révolution au cours de laquelle beaucoup jouèrent un rôle majeur.

Recueils de familles

L'Armorial général de France a recensé, comme on l'a vu, la plupart des individus nobles ou notables de France vers 1696 ; il existe des index pour l'ensemble et des éditions critiques des armoriaux régionaux.

Plusieurs ouvrages de sociologie familiale ont été publiés au milieu du XXe siècle, notamment le Dictionnaire des dynasties bourgeoises et du monde des affaires en 1975 par Henry Coston et Les Responsabilités des dynasties bourgeoises (dans l'histoire récente) publié de 1943 à 1973 par Emmanuel Beau de Loménie, où l'on retrouve un nombre important de familles de la bourgeoisie du XXe siècle participant déjà à la vie économique avant la Révolution française.

Quant aux ouvrages généraux, on mentionnera le Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle de Gustave Chaix d'Est-Ange, suivi d'une riche bibliographie citant de nombreux ouvrages régionaux ou spécialisés.

On recense, dans les différentes éditions du Bottin mondain, des familles bourgeoises parmi les plus notables de la période contemporaine. On retrouve aussi leurs noms dans les listes des membres des cercles à vocation élitiste[6].

Liste alphabétique de familles subsistantes

Cette liste n'a pas vocation à l'exhaustivité : elle ne retient que les noms de familles d'ancienne bourgeoisie, n'ayant bénéficié d'aucun anoblissement ni titre nobiliaire français, régulier et héréditaire (reçu avant ou après la Révolution) — et dont un membre au moins s'est vu consacrer une page sur Wikipédia.

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Critères de notabilité

Les « familles d'ancienne bourgeoisie française », ou « familles françaises notables anciennes », se reconnaissent principalement par les charges ou fonctions[41] occupées par leurs ascendants agnatiques avant 1789, selon la liste suivante qui se veut exhaustive :

  • Charges juridiques et judiciaires
    • Tabellion, notaire royal
    • Avocat, procureur au siège présidial ou au Parlement,
    • Procureur du roi,
    • Conseiller à la cour des aides, des monnaies, à la chambre des comptes
    • Conseiller au siège présidial
    • Bailli de robe longue, sénéchal
    • Lieutenant de police
  • Charges fiscales
    • Fermier général
    • Receveur des tailles, des capitations
    • Receveur des dimes, des décimes
    • Receveur, officier au grenier à sel
    • Officier ou juge d'une gruerie (Eaux et forêts)
    • Receveur, contrôleur des traites foraines, et autres droits de douane
  • Charges de gestion
    • Procureur fiscal d'une terre noble (fonction d'administrateur seigneurial)
  • Charges financières
    • Trésorier-payeur des rentes, des gages
    • Contrôleur ordinaire des guerres
    • Commissaire ordinaire des guerres
  • Autres charges et fonctions
    • Ingénieur des bâtiments du roi
    • Recteur d'université
    • Médecin des hôpitaux
  • Charges électives
    • Député du tiers-état aux États généraux de 1789
    • Maire d'une ville grande ou moyenne (au moins l'équivalent d'une sous-préfecture actuelle)
    • Échevin, consul d'une ville grande ou moyenne (idem)
  • Fonctions commerciales et industrielles
    • Armateur de navires de commerce océanique
    • Banquier
    • Négociant (d'une surface significative)
    • Maitre de forges
  • Fonctions militaires
    • Officier dans l'armée, la marine
  • Fonctions ecclésiastiques
    • Évêque
    • Abbé (supérieur d'une abbaye)
  • Autres cas
    • Propriétaire terrien rentier, en métropole et outre-mer
    • Propriétaire d'une terre noble (seigneurie)
    • Armes enregistrées dans l'Armorial de 1696

Notes et références

Notes

  1. Louis de Flichy (1640-1701), receveur de la seigneurie du Beslay, Vincent Flichy de la Neuville (1681-1733), écuyer, Gilles de Flichy (1695-1755), écuyer, officier serdeau du roi, Louis Flichy, garde de la porte du Roi en 1789.
  2. Plusieurs juges-châtelains et maires de Saint-Galmier sous l'Ancien Régime et la Restauration, un député au XXe siècle
  3. Gérard de Heinzelin de Braucourt, décédé en 1686, gentilhomme verrier à Aubréville
  4. Pierre Ozanam (1615-1679), receveur des terres de la seigneurie de Bouligneux.
  5. Jean-François Thierry (1743-1804), régisseur des douanes, Hangard, (Somme)

Références groupées

Chaix d'Est-Ange
  1. tome 1er, page 34 Acher de Montgascon (d').
  2. t.1, p.193, Andoque de Sériège (d')
  3. tome 13, page 303 Denormandie.
  4. t.17, p. 46-47, Faget de Casteljau (de)
  5. à compléter
  6. t. XVII, p. 143-145, Fauconpret (de) ou Defaucompret
Jougla de Morenas
    Tallandier 2008
    1. Tallandier 2008, p.102

    Autres références

    1. « Encyclopédie Larousse en ligne - bourgeoisie », sur larousse.fr (consulté le ).
    2. La Réforme Sociale, Les classes sociales sous l'Ancien Régime, René de France, Page 447
    3. André Delavenne (préf. le Duc de Brissac), Recueil généalogique de la bourgeoisie ancienne, Éditions S.G.A.F., (lire en ligne)
    4. La Bourgeoisie selon le dictionnaire généalogique d'André Delavenne, Jacques Houdaille, Population, 1988, page 311-329
    5. Xavier de Montclos, L'ancienne bourgeoisie en France du XVIe au XXe siècle, Éditions Christian, , 258 p. (ISBN 9782864961352, présentation en ligne)
    6. Baron de Tully, Annuaire des grands cercles et du grand monde, Paris, A. Lahure, (lire en ligne).
    7. Cette famille est classée dans les familles non nobles dans le Tallandier 2008.
    8. Réunion de la Noblesse Pontificale, Annuaire des membres au 1er mars 2013
    9. Charondas, Le Cahier noir, édition Patrice du Puy, 2015, sans pagination. Famille issue de Pierre Courcol et qui donna des bourgeois et des échevins à la ville d'Arras. La famille actuelle est issue de Pasquier Courcol, fermier de l'abbaye d'Estrien. Les Courcol ont acheté la terre de Bailliencourt au XVIe siècle et ne se rattachent pas à l'ancienne famille noble de Bailliencourt.
    10. Henri Frotier de La Messelière, Filiations bretonnes, St-Brieuc, 1912-1925
    11. Arnaud Clément, La noblesse française, Acadomia, 2020, page 85. La famille actuelle ne descend pas de la branche qui a été anoblie au XVIIIe siècle.
    12. Henri Beauchet-Filleau et Charles de Chergé, Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou (de A à L), Poitiers, 1909
    13. Charondas, Le cahier noir.
    14. Ch. d'Hozier, Armorial général de France, t. XIII (Guyenne) (lire en ligne), p. 679
    15. Philippe du Puy de Clinchamps, La noblesse, collection Que sais-je ?, numéro 830, PUF, 1959, page 88
    16. Pierre-Marie Dioudonnat Encyclopédie de la fausse noblesse et de la noblesse d'apparence, volumes 1 à 2, Sedopols, 1994, page 178.
    17. Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, volume IX, impr. C. Hérissey (Évreux), 1910, page 346 : Chanu de Limur.
    18. « Claude Cointreau, né à Baugé en 1623, Maître Particulier des Eaux et Forêts de Baugé, receveur général des Finances de Limoges, [...] fut un grand bienfaiteur de la ville et [...] l'ancêtre de la famille des distillateurs si renommés d'Angers » (Edmond Riehl, Dix siècles de l'histoire de Baugé, impr. E. Cingla, 1960, p. 67.
    19. Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises, anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, Évreux, tome XIII, CUN-DES, 1914 en ligne.
    20. Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises, anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, Évreux, tome XII, COS-CUM, 1913 en ligne.
    21. Abbé Émile Trelcat de Crespin, La Famille Despret 1512-1929, Lille, 1929, Desclée De Brouwer, 280 pages.
    22. Bulletin de l'Association des Honneurs Héréditaires, n° 46, décembre 2004.
    23. Hubert Lamant, « Tome XXVII », dans Armorial général et nobiliaire français, La Nef-Chastrusse, Presses universitaires de Provence, , p. 134-135
    24. Charondas, Le Cahier noir, Patrice du Puy éditeur, 2015
    25. Achille Leymarie, Histoire du Limousin : la bourgeoisie, , 492 p. (lire en ligne), p. 429.
    26. Pierre-Marie Dioudonnat, Le simili-nobiliaire français, Paris, Sedopols, 2002, p. 285.
    27. Pierre-Marie Dioudonnat, Le simili-nobiliaire français, Paris, Sedopols, 2002, p. 288.
    28. Le simili-nobiliaire français, Pierre-Marie Dioudonnat, Sédopols, Paris, 2012
    29. Voir l'article consacré à cette famille pour plus de détails sur le désaccord entre les auteurs sur la question.
    30. Camille Fabre, « Jérôme Labretoigne, marchand à Saugues dans la première moitié du XIXe siècle », Cahiers de la Haute-Loire, Le Puy-en-Velay, .
    31. Lalive, La Live, Lalive d'Epinay - Site généalogique et héraldique du Canton de Fribourg [les actuels porteurs du nom, de nationalité française et suisse, descendent de Rosalie Lalive d'Épinay (1781-1860) et de Jean-Joseph Folly (1787-1867)].
    32. Pierre-Marie Dioudonnat, « Complément au Simili-Nobiliaire français », Sédopols, (consulté le ), p. 15
    33. « Mathieu de Reichshofen », sur mesnil.saint.denis.free.fr (consulté le ).
    34. « Licence réutilisation - Archives départementales de la Sarthe », sur archives.sarthe.fr (consulté le )
    35. « Famiglia du MESNIL du BUISSON (fasc. 6013) », sur www.archiviodistato.firenze.it (consulté le )
    36. André Delavenne, Recueil généalogique de la bourgeoisie ancienne, tome II, 1954
    37. Fiche sur l'Association des Anciens Honneurs Héréditaires, Picard et Picard-Destelan
    38. Charondas, Un juge d'armes au Jockey-club, ICC, 2000, non paginé.
    39. Annuaire de la Réunion de la Noblesse Pontificale (RNP), année 2013.
    40. Pierre-Marie Dioudonnat, Le Simili-Nobiliaire Français, 2012, p.752
    41. Les collections de l' État de la France et de l' Almanach royal donnent un aperçu objectif des personnes exerçant une de ces charges.

    Bibliographie

    Recueils nationaux

    • Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, lettres A à Gau, Evreux, 1903-1929
    • Henri Jougla de Morenas et Raoul de Warren, Grand Armorial de France, 7 tomes, Paris, 1934-1952
    • André Delavenne, Recueil généalogique de la bourgeoisie ancienne, Paris, 1954

    Recueils régionaux

    • Frédéric Mireur, Le tiers État à Draguignan, Draguignan, impr. de Latil frères, 1910
    • Henri Frotier de La Messelière, Filiations bretonnes, 6 tomes, St-Brieuc, 1912-1925
    • Hubert de Vergnette de Lamotte, Filiations languedociennes, 3 volumes, Mémodoc, Versailles, 2006
    • Jean-Louis Ruchaud (dir.), Généalogies limousines et marchoises, 21 volumes, Editions Régionales de l'Ouest, 1982-2019
    • Gilles Le Barbier de Blignières (dir.), Généalogies périgourdines, 3 volumes, Patrice du Puy éditeur, Paris, 2014-2019
    • Aymar d'Arlot de Saint-Saud, Généalogies périgourdines, 4 volumes, Bergerac, 1898-1942
    • Bernard Mayaud, Recueils de généalogies angevines, 16 volumes, Nantes, 1981-1996
    • Henri Beauchet-Filleau et Charles de Chergé, Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou (de A à L), Poitiers, 1909
    • Maurice Albert Léo Delcer de Puymège, éd. À la vieille France
      • Les vieux noms de la France Méridionale et Centrale (1939)
      • Les vieux noms de la France de l’Ouest (...) et d'outremer (1954)

    Recueils de notices familiales

    • Pierre-Marie Dioudonnat, Le Simili-Nobiliaire français, éd. Sédopols, Paris, 2012
    • Dictionnaire de la vraie / fausse noblesse, éd. Tallandier, Paris, 2008
    • Charondas, Le cahier noir

    Monographies, essais

    • André Guirard, Les Anciennes Familles de France, 1930
    • Augustin Hamon, Les maîtres de la France, 1938
    • Yves Durand, Les fermiers généraux au XVIIIe siècle, 1971
    • Xavier de Montclos, L'ancienne bourgeoisie en France, éditions A&J Picard, 2013
    • Mathieu Marraud, De la Ville à l'État. La bourgeoisie parisienne XVIIe – XVIIIe siècle, Paris : Albin Michel, 2009
    • Jean Duma (dir.), Histoires de nobles et de bourgeois. Individus, groupes, réseaux en France, XVIe – XVIIIe siècles, Paris : Presses Universitaires de Paris Ouest, 2011
    • Nicole Brondel, « L’Almanach royal, national, impérial : quelle vérité, quelle transparence ? (1699-1840) », dans Bibliothèque de l'École des chartes, 166/1, 2008

    Voir aussi

    Articles connexes

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