feu

Voir aussi : feû, fèu

Français

Étymologie

(Nom commun) (XIIe siècle) Du moyen français feu, de l’ancien français fou (IXe siècle), fu, foc, du bas latin feu, du latin fŏcus  foyer, feu, âtre »), qui a supplanté le latin classique ignis à l’époque impériale. Cognat de l’italien fuoco, de l’espagnol fuego, du portugais fogo.
(Adjectif 1) Dérivé du nom commun.
(Adjectif 2) (XIe siècle) De l’ancien français feüz (→ voir malfeüz (« qui a une mauvaise destinée, malheureux »)), fadude  qui a accompli sa destinée ») (XIe siècle), du latin vulgaire *fatutus (« qui a telle destinée »), dérivé du latin fatum  destin »).
(Interjection) Dérivé du nom commun.

Nom commun

SingulierPluriel
feu feux
\fø\
La maison est en feu. (3)
Feu de signalisation (13)
Feux arrière de voiture. (15)

feu \fø\ masculin

  1. Phénomène calorifique et lumineux produit par une combustion ; un des quatre éléments des Anciens. Note : Utilisé avec l'article défini : « le feu ».
    • La maîtrise du feu est souvent considérée, avec celle de l’outil, comme une des caractéristiques qui distinguent l’homme de l’animal.  (Jacques Collina-Girard, Le feu avant les allumettes, Paris, éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1998, page 1)
  2. Brasier de petite envergure allumé à dessein pour éclairer, chauffer ou cuire.
    • Lorsqu’une bande de baleines est signalée, la nouvelle se répand aussitôt dans tout l’archipel au moyen de feux allumés sur les montagnes ; […].  (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, p.37)
    • Ils arrivèrent à la grotte, tout le monde se les gelait sérieusement. Ils décidèrent de faire un feu pour la nuit.  (Eva Kavian, L'Homme que les chiens aimaient, ONLIT Éditions, 2016, page 98)
    • Ils allumèrent des feux qu’ils entretinrent nuit et jour, et les hommes qu’on envoyait à la corvée du bois aux environs devaient tenir les loups en respect.  (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, p. 271 de l’éd. de 1921)
    • Je m’habillai hâtivement et redescendis jusqu’à la salle à manger, la température était glaciale, le feu n’avait pas pris, je n’avais jamais été doué pour le feu, je ne comprenais rien à l’assemblage de bûches et de brindilles qu’il convenait de bâtir, c’était un des nombreux points qui me séparaient de l’homme de référence – mettons pour situer Harrison Ford – que j’aurais souhaité d’être, enfin pour l’instant la question n’était pas là.  (Michel Houellebecq, Sérotonine, Flammarion, 2019, page 280.)
  3. (En particulier) Incendie.
    • En saison sèche, les Garde-bœuf suivent les feux de forêt et de savane, pour manger les animaux mis à nu par la disparition de la couverture herbacée.  (Jean Claude Ruwet, Les Oiseaux des plaines et du lac-barrage de la Lufira supérieure (Katanga méridional) : reconnaissance écologique et éthologique, Université de Liège & Fondation pour les recherches scientifiques en Afrique centrale, 1965, p.41)
  4. (Familier) (Par métonymie) Dispositif autonome destiné à produire une petite flamme (briquet, allumette, allume-cigare...).
    • Prête-moi ton feu.
    • Avez-vous du feu ?
    • Y a-t-il du feu dans la voiture ?
  5. (Vieilli) Bougie allumée pour indiquer le temps durant une mise aux enchères publiques.
    • Deux antres feux successivement allumés sur cette dernière somme s’étant éteints sans enchère, la maison dont il s’agit, a été définitivement adjugée à bail à M. Nicolas Lhérault, sus-nommé, […].  (F. M. Sellier, Le manuel des notaires, Paris : Librairie Cotillon, 1841, vol.1, p.135)
  6. (Par métonymie) (Vieilli) Torche.
    • Il nous guidait grâce au feu qu’il portait dans la main.
  7. Source de chaleur pour la transformation des aliments.
    • Laissez cuire vingt minutes à feu doux.
  8. Appareil de cuisson des aliments, cuisinière.
  9. (Par métonymie) Endroit où l’on fait du feu.
    • […] et l’on court se mettre en pantoufles et en robe de chambre pour popoter avec lui au coin du feu.  (Octave Uzanne, Les Zigzags d’un curieux, Maison Quantin, 1888, p. 218)
  10. (Par métonymie) (Vieilli) Foyer ; famille.
    • Viennent ensuite les pays dont la population a été déterminée par plusieurs méthodes indirectes, telles que l’énumération de toutes les personnes sujettes à un impôt quelconque ; celle des familles ou feux ; celle des maisons, qu’il ne faut pas confondre, comme on le fait souvent, avec la précédente […]  (Adriano (Adrien) Balbi, La Population des deux mondes, Revue des Deux Mondes, tome 1, 1829)
    • La paroisse compte une trentaine de feux, assez peu de fidèles.  (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Leur population totale, qui en 1504 ne dépassait pas 69 feux ou ménages, comme le précise un compte de cette époque, atteignait 175 feux en 1789 (100 pour Vaux, 40 pour Euilly et 35 pour Tétaigne).  (Georges Hubrecht, Le Bailliage de Mouzon à la veille de la Révolution et ses Cahiers de doléances, Bière, 1969, p. 65)
    • Le rôle des tailles de Barques pour 1719 porte 41 feux, dont 33 masculins ; celui de Marques : 66 feux, dont 56 masculins.  (Jacques Dupâquier, Statistiques démographiques du bassin parisien, 1636-1720, éd. Gauthier-Villars, 1977, page 530)
  11. (Par métonymie) (Au pluriel) Lumière.
    • Des feux tantôt roses, tantôt d’un bleu acide qui tournait au vert pomme, scintillaient à l’extérieur des Folies.  (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • L’hypothèse a été avancée d’une extinction des feux de la piste d’atterrissage au moment de l’approche de l’avion ; mais cette version n’est pas validée, les feux ayant, semble-t-il, été éteints après le crash, dans un mouvement de panique.  (Paul Quilès, Bernard Cazeneuve et Pierre Brana, Enquête sur la tragédie rwandaise (1990-1994), éd. Assemblée nationale (rapport), décembre 1998, p. 216-217)
  12. (Figuré) Signal lumineux.
    • Un officier de police traverse la rue pour donner une contravention à une dame n'ayant pas immobilisé son véhicule au feu rouge.  (Veronica Brathwaite, Arrête! Le feu est rouge!: Traverser en toute sécurité, Xlibris Corporation, 2013)
    • Les signaux A45 et A47 sont accompagnés de feux clignotants rouges ou blancs.  (Claude De Bruyn, Feu vert pour le permis de conduire : Je réussis l'examen, De Boeck, 2008, p. 80)
  13. (Par métonymie) (Familier) (souvent au pluriel) Dispositif électrique qui régule le flux des véhicules et des piétons à l’aide de lumière de différentes couleurs.
  14. (Par métonymie) Phare maritime.
    • Le vendredi 13 mars, j’aurais dû apercevoir dans la soirée le feu de Sombrero, sur lequel je voulais atterrir […]  (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil ; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Le ciel, clair au départ de Saint-Louis, devient brumeux vers Dakar. Nous apercevons dans un trou le feu de la pointe du Cap-Vert, à 4 heures.  (Jean Mermoz, Mes Vols, Flammarion, 1937, p. 84)
  15. (Par métonymie) Phare automobile.
    • Le troisième feu stop est maintenant obligatoire.
    • Les feux de croisement sont les seuls à servir en ville et sur route.
  16. (Figuré) (Poétique) Étoile, corps céleste brillant.
    • Les feux de la nuit.
  17. (Figuré) Éclat, scintillement.
    • Dans l’azur à peine noirci du couchant, l’étoile du berger brillait d’un feu paisible, sans un scintillement ; l’air était calme  […]  (Louis Pergaud, Un satyre, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Jusqu’aux cravates, au petit nœud suavement bloqué par une épingle dans l’échancrure du col, jusqu’au feu d’un vrai diam’ et au cuir mat du bracelet-montre, on sentait ces messieurs soucieux de leur mise.  (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928)
  18. (Figuré) Saveur brûlante, en particulier d’un alcool.
    • Le feu de l’absinthe.
  19. (Littéraire) Excitation ; passion.
    • Les feux de l’amour.
    • […] le prince Jean, monté sur un palefroi gris plein de feu, caracola dans la lice à la tête de sa suite joviale […]  (Walter Scott, Ivanhoéch. VII, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • L’âme de Wesley avait besoin d’un feu plus vif. Un jour (24 mai 1738), dans une sorte d’illumination, il entrevit la vraie foi qui est un lien vivant et non une opération de la raison.  (André Maurois, Histoire de l’Angleterre, 1937)
    • Il y a, ô brahmane, trois sortes de feu qu’il faut abandonner, qu’il faut éloigner, qu’il faut éviter. Quels sont ces trois feux ? Ce sont le feu de l’avidité, le feu de la haine et le feu de l’illusion.  (Bouddha)
  20. Source d’excitation, de passion.
    • Les disciples ont reproduit l'expérience du Sinaï : la Parole est un feu!  (Bruno Chenu, Disciples d'Emmaüs, Bayard, Paris, 2003, p. 81)
  21. (Littéraire) Passion, amour.
    • Brûlé de plus de feux que je n'en allumai (…)  (Racine, Andromaque, 1667)
    • De mes feux mal éteints je reconnus la trace,
      Je sentis que ma haine allait finir son cours,
      Ou plutôt je sentis que je l’aimais toujours. (ibid.)
  22. (Argot) (Par ellipse) Arme à feu, pistolet.
  23. (Militaire) Tirs, lors d’un combat.
    • Notre régiment était presque à couvert du feu des Russes par un pli de terrain.  (Prosper Mérimée, L’Enlèvement de la redoute)
    • Un capitaine réglait le feu : « À vous, Judin! » Le petit lignard visait soigneusement, lâchait la détente.  (Paul et Victor Margueritte, Le Désastre, Plon-Nourrit & Cie, 86e éd., p. 168)
    • M. de la Ferté s’était séparé de la première demi-section, qui avait obliqué vers la gauche, avec ordre pour Saumabère, dès qu’il entendrait les premiers coups de fusil, d’exécuter un feu à cartouches comptées, afin de donner à l’adversaire qu’il était tourné, ce qui en forêt est le prélude immédiat de la débâcle.  (Pierre Benoit, Monsieur de la Ferté, Albin Michel, 1934, Cercle du Bibliophile, page 244.)
    • Le feu des fusils Mauser commença ; ce fut un vacarme épouvantable dans lequel on percevait le ronflement des obus à la lydite, le crépitement des fusils Metford, les éclats des mitrailleuses boers et les sifflements des Mauser.  (Le Mémorial d’Aix, 25 janvier 1900, page 1)
    • En cueillant dans les blés le coquelicot rouge
      La blanche marguerite et le bleuet si bleu
      – Ces couleurs du drapeau ! – parmi le blé qui bouge,
      Songez à nos soldats qui sont tombés au feu !
       (Marie Cassabois, Les Chants de l’écolier, Voix des tombes ; Édouard Privat, Toulouse, 1934, page 94)
    • Il a sorti son feu et il a fait feu.  (Jean-Marc Agrati, Le chien a des choses à dire, On foutait que dalle)
  24. (Figuré) (Argot) Enthousiasme, excitation.
    • L’autre jour les MCs ont mis le feu à la salle.
    • Allumer le feu et faire danser les diables et les dieux.  (Pierre Jaconelli, Allumer le feu)
  25. (Athlétisme) (Par ellipse) Coup de feu, signal sonore qui autorise le départ d’une course. Départ d’une course.
    • Dans les starting-blocks les coureurs attendaient que le feu retentisse pour partir.
    • Il est parti dès le feu, sans attendre.
  26. (Figuré) Urgence, presse.
    • Y a pas l’feu.
    • (Familier) Il a le feu aux fesses.
  27. (Astrologie) Élément astrologique qui comprend les signes Bélier, Lion et Sagittaire.
  28. (Familier) Utilisé pour exprimer que quelque chose est génial.
    • C’est le feu les licornes !

Synonymes

Dérivés

Vocabulaire apparenté par le sens

Proverbes et phrases toutes faites

Apparentés étymologiques

Traductions

Hyponymes

Adjectif 1

Un berger de Beauce noir et feu.
Un lapin noir et feu.

feu \fø\ invariable

  1. De la couleur des braises, rouge vif à rouge orangé. #FE1B00
  2. (Zoologie) Qualifie la partie fauve à rousse, proche de la couleur du feu, d’une robe d’animal.
    • Certains chiens et certains lapins ont une robe noir et feu.
    • Une marque de feu est un reflet fauve sur une robe de cheval sombre.

Dérivés

Traductions

Adjectif 2

Singulier Pluriel
Masculin feu
\fø\

feus
\fø\
Féminin feue
\fø\
feues
\fø\

feu \fø\

  1. Qui est mort depuis un certain temps.
    • Je pense que personne n’a approuvé la conduite d’Henri IV avec la feue Reine-mère, sa femme, sur le fait de ses maîtresses ; […].  (Gédéon Tallemant des Réaux, Henri IV, dans Les Historiettes, texte établi par Monmerqué, de Chateaugiron, Taschereau, Paris : chez A. Levavasseur, 1834 , tome 1, page 10)
    • Je me jetai dans le travail, je m'occupai de science, de littérature et de politique ; j'entrai dans i« diplomatie à l’avénement de Charles X qui supprima l'emploi que j'occupais sous le feu roi.  (Honoré de Balzac, Scènes de la vie de campagne : Le Lys dans la vallée, 1836, Paris : chez Michel Lévy frères & à la Libraire Nouvelle, 1873, p. 305)
    • La feue impératrice a gardé la Hongrie.  (Victor Hugo, Théâtre en liberté : La Grand’mère, 1866, scène II)
    • Feu la mère de Madame.  (Georges Feydeau)

Notes

L’adjectif est normalement invariable lorsqu’il précède l’article ou le possessif : feu ma tante. Cependant, l’accord avec l’article ou le possessif est toléré.
Ne s’utilise normalement qu’avec des personnes que le locuteur a vues ou aurait pu voir. On ne dit pas feu Socrate, feu Platon, feu Cicéron, si ce n’est en plaisantant, ou dans le style burlesque.
Quand on dit le feu pape, le feu roi, etc., on entend toujours le dernier pape à avoir décédé, le roi plus récemment mort, etc. On dit feu la reine s’il n’y a pas de reine vivante, et la feue reine si une autre l’a remplacée.
Feu tombe en désuétude et n’est plus guère employé que dans le langage écrit. On dit plus couramment, mais avec une nuance populaire, défunt.
Un arrêté ministériel du 26 février 1901 a autorisé l’accord en genre et en nombre dans les deux cas [1].

Synonymes

Dérivés

Traductions

Interjection

feu \fø\

  1. À l’attaque, tirez. Ordre habituellement donné par un commandant pour commencer le feu (combat).

Traductions

Prononciation


Paronymes

Voir aussi

  • feu sur Wikipédia
  • Le thésaurus couleur en français

Références

Ancien occitan

Cette entrée est considérée comme une ébauche à compléter en ancien occitan. Si vous possédez quelques connaissances sur le sujet, vous pouvez les partager en modifiant dès à présent cette page (en cliquant sur le lien « modifier »).

Étymologie

Du vieux-francique *fĕhu.

Nom commun

feu masculin

  1. Fief, hommage.

Variantes

Références

  • François Raynouard, Lexique roman ou Dictionnaire de la langue des troubadours, comparée avec les autres langues de l’Europe latine, 1838–1844

Catalan

Étymologie

(976) Du vieux-francique *fĕhu.

Nom commun

Singulier Pluriel
feu
\Prononciation ?\
feus
\Prononciation ?\

feu masculin

  1. Seigneurie.

Prononciation

Francoprovençal

Étymologie

Du latin fagus.

Nom commun

feu \fœ\ masculin

  1. Hêtre.

Notes

Forme du savoyard d’Albertville.

Variantes dialectales

Références

Moyen français

Étymologie

De l’ancien français fou (IXe siècle), fu, foc, du bas latin feu, du latin fŏcus  foyer, feu, âtre »), qui a supplanté le latin classique ignis à l’époque impériale.

Nom commun

feu \Prononciation ?\ masculin

  1. Feu.

Dérivés dans d’autres langues

  • Français : feu

Références

Papiamento

Étymologie

Étymologie manquante ou incomplète. Si vous la connaissez, vous pouvez l’ajouter en cliquant ici.

Adjectif

feu

  1. Laid, vilain.

Synonymes

Cet article est issu de Wiktionary. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.